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11. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Il tâcha dans ses premières années de s’établir à Paris avec plusieurs enfants de famille, qui par son exemple, s’engagèrent comme lui dans le parti de la Comédie sous le titre de l’Illustre Théâtre ; mais ce dessein ayant manqué de succès (ce qui arrive à beaucoup de nouveautés) il fut obligé de courir par les Provinces du Royaume, où il commença de s’acquérir une fort grande réputation. […] S’étant trouvé quelque temps après en Languedoc, il alla offrir ses services à feu Monsieur le Prince de Conti, Gouverneur de cette Province, et Vice-roi de Catalogne. […] La Pièce étant achevée, Monsieur de Molière vint sur le Théâtre, et après avoir remercié Sa Majesté en des termes très modestes, de la bonté qu’elle avait eue d’excuser ses défauts et ceux de toutes sa Troupe, qui n’avait paru qu’en tremblant devant une Assemblée si Auguste ; il lui dit que l’envie qu’ils avaient eue d’avoir l’honneur de divertir le plus grand Roi du monde, leur avait fait oublier que Sa Majesté avait à son service d’excellents Originaux, dont ils n’étaient que de très faibles copies ; mais que puisqu’Elle avait bien voulu souffrir leurs manières de campagne, il la suppliait très humblement d’avoir agréable qu’il lui donnât un de ces petits divertissements qui lui avaient acquis quelque réputation, et dont il régalait les Provinces.

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