Le public qui sait lire et qui aime les choses bien faites, s’inquiète assez peu de l’opinion que professe un journal, il s’inquiète, avant tout, du talent qu’on y déploie ; il prend son plaisir aux saines paroles, aux passages éloquents, aux gaietés, aux colères, à l’accent de l’écrivain ; ainsi le journal est bien plus, chez nous, le besoin des esprits que l’intermédiaire obligé de toutes sortes d’affaires dont Paris s’inquiète assez peu, et dont la province ne s’inquiète pas le moins du monde. […] Ajoutez que ce Molière parle un patois vif, alerte et vrai ; même il parle tous les genres de patois, comme un digne enfant des Halles : Tout lui va, le patois de la ville et celui du village, le patois des provinces, la vraie langue des franches natures, la langue qu’il nous faut protéger contre Despréaux, ce dédaigneux qui posait l’Art poétique comme la borne qui ne veut pas qu’on aille plus haut, ou plus loin.