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17. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Sans parler de ses œuvres qui se multipliaient, de plus en plus téméraires et vastes, de plus en plus propres à la manifester, trop de gens considérables participaient maintenant à sa confidence. […] Il prouve que « la grimace étudiée des gens de bien à outrance, le zèle contrefait des faux monnayeurs en dévotion, » dont se laissent bonnement éblouir tant d’imbéciles, n’est pas plus propre à couvrir les médiocres intrigues et les grotesques galanteries d’un petit fripon bourgeois, que les gros crimes, de toutes sortes, et l’athéisme, entêté et avoué, d’un scélérat du grand monde. […] Quand ils l’accusent de ruiner la religion et la morale, ce n’est pas pour leur propre compte : derrière leurs indignations, une main, et une main vigoureuse se sent, qui les commande, les documente, et qui les enhardit à discréditer le poète favori du Roi. […] C’est le soin que chaque individu doit avoir de son propre « salut. » Là-dessus, tous les moralistes de Port-Royal s’accordent, et, sur ce point essentiel, leurs déclarations sont, parfois, d’une sainteté singulièrement égoïste : « Pourvu, » disait M. […] Si la Compagnie du Saint-Sacrement se montra toujours hostile au Jansénisme, c’est que, dès l’abord, elle reconnut en lui une concurrence dogmatiquement hostile à ses efforts, dédaigneuse de ses projets, propre à détruire par son scepticisme le bien qu’elle voulait faire, et que souvent elle fit.

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