Molière n’est jamais fin; il est profond, c’est-à-dire que, lorsqu’il a donné son coup de pinceau, il est impossible d’aller au-delà. […] Mais les trois premiers actes sont d’un très-bon comique : sans doute celui du Misanthrope et du Tartufe est beaucoup plus profond; mais il n’y en a pas un plus vrai ni plus gai que le personnage de M. […] Que l’on propose à un poète comique, à un auteur de beaucoup de talent, un plan tel que celui-ci : Un homme dans la plus profonde misère vient à bout, par un extérieur de piété, de séduire un homme honnête, bon et crédule, au point que celui-ci loge et nourrit chez lui le prétendu dévot, lui offre sa fille en mariage, et lui fait, par un acte légal, donation entière de sa fortune. […] Il est vrai qu’elle est étendue et profonde, et son ouvrage seul pouvait nous la révéler. […] Jamais Molière n’en a déployé autant que dans le Tartufe; jamais son comique ne fut plus profond dans les vues, plus vif dans les effets; jamais il ne conçut avec plus de verve et n’écrivit avec plus de soin.