L’amour vrai ne naît point au hasard, par une séduction des sens, par une fascination des yeux, ni même par un agrément de l’esprit : tous ces charmes ne produisent que des caprices passagers, d’autant plus vite éteints qu’ils sont nés plus soudainement425, comme les belles passions de don Juan 426 ou les vieux désirs d’Harpagon 427. […] Cet attrait, ce n’est point la grâce du corps qui l’excite : la beauté n’est capable de produire l’amour que parce qu’elle est l’interprète de l’âme qui la vivifie. […] Don Garde et done Elvire, don Alphonse et done Ignés du Prince Jaloux, montrent, dans une dignité princière, les mêmes sentiments vrais et naturels qui animent Isabelle et Valère dans l’École des Maris, et qui, dans l’École des Femmes, produisent le délicieux épanouissement de la jeune âme d’Agnès 443. […] Là, dans l’être divin tonte déifiée, Vide du monde entier, et désappropriée, Une âme s’enveloppe en son état passif, Et, sans pouvoir produire un acte discursif, Des objets d’ici-bas arrête l’imposture, Et de ses facultés serre la ligature. […] Boileau, Satire X, v. 533. — On alliait très-bien la débauche avec le quiétisme précieux : Tout ce que le corps fait ne se compte pour rien ; Ce corps n’est qu’une aveugle et sensible matière, Qu’un amas agité de boue et de poussière, Dont tous les mouvements, que la cupidité Produit sans la raison et sans la volonté, Sont actes sans aveu, sans malice, sans blâme, Et ne peuvent salir la pureté de l’âme, Qui, jouissant an ciel de solides plaisirs, Laisse vivre le corps an gré de ses désirs.