Molière, en exposant l’humeur bizarre d’Alceste, n’a point eu dessein de discréditer ce qui en était la source et le principe ; c’est sur la rudesse de la vertu peu sociable, et peu compatissante aux faiblesses humaines, qu’il fait tomber le ridicule du défaut dont il a voulu corriger son siècle. […] « Les belles-lettres avoient orné l’esprit du jeune Pocquelin, les préceptes du philosophe lui apprirent à raisonner ; c’est dans ses leçons qu’il puisa ces principes de justesse qui lui ont servi de guides dans la plupart de ses ouvrages. […] « C’est à cet esprit de réflexion, prêt à s’exercer sur tout ce qui se passait sous ses yeux ; c’est à l’attention extrême qu’il apportait à examiner les hommes et au discernement exquis avec lequel il savait démêler les principes de leurs actions, que ce grand homme a eu la connaissance parfaite du cœur humain. […] « Comme ses ouvrages ne sont pas tous du même genre, il ne faut pas, pour en juger sainement, partir des mêmes principes. […] « Mais il manque à la perfection de cette comédie la simplicité dans le principe de l’action, parce que la ressemblance surnaturelle d’où naît tout le mouvement est une machine qui diminue de beaucoup le mérite de ces intrigues de la première espèce ; et que le naturel ou le simple ne doivent jamais être altérés par le merveilleux ou le surnaturel. » 1668.