Toutes ces petites amitiés-là seroient en pure perte pour moi : je ne veux point qu’on m’en fasse, que je n’y puisse répondre, & je vous prie de commencer par ne me point tant approcher. […] Voyez, je vous prie, comme il est mutin ! […] Je les priai vainement de me dégager seulement un bras, une main, un doigt ; je faisois les plus grands efforts du monde pour me débarrasser de mes liens ; jusques-là que les Dames crurent, peu de temps après, que je les avois rompus. […] Dans la comédie des Graces, l’Amour, attaché à un arbre par les Nymphes qu’il veut surprendre, est en butte à leurs railleries, & il les prie en vain de lui laisser un bras libre, comme le héros de l’histoire : il les menace comme lui de s’endormir, & leur dit que cela ne leur fera pas honneur. […] J’ai lu la même histoire différemment tournée ; il n’y est point question de Cléopatre : la brune & la blonde disent à leur traître qu’une campagnarde du voisinage croit aux géants, & qu’on lui a promis de lui faire voir un géant d’un an ; elles prient en conséquence leur perfide amant de se laisser emmaillotter : il y consent.