/ 144
3. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Dans cette passion, comme dans toute leur conduite, ils seront d’abord poussés par ce sens naturel, infus dans toutes les âmes, qui est le fondement de la morale. […] Il naît d’une conformité des âmes, qui sentent, par un penchant dominateur, qu’elles sont faites de manière à être heureuses ensemble : une vue intérieure fait découvrir à chacune d’elles que l’autre possède les qualités nécessaires pour le bonheur commun ; et un irrésistible attrait les pousse à se chercher et à s’unir pour la vie. […] Les belles âmes sont ainsi faites par nature, et la nature qui les pousse à aimer est aussi irrésistible que la nature qui leur fait connaître le vrai et pratiquer le bien. […] Et c’est la vérité : sous toutes ces erreurs et ces hésitations qui sont vraies, il y a l’amour vrai, qu’aucune puissance, aucun intérêt ne pourra arrêter, parce que les cœurs qu’il mène sont poussés par une puissance et un intérêt supérieurs à tous les autres455. […]   Oui, cette passion, de toutes la plus belle,   Traîne dans un esprit cent vertus après elle ;   Aux nobles actions elle pousse les cœurs, etc.

/ 144