Il est nuit, et Sganarelle peut ne pas reconnaître Isabelle, lorsque, couverte d’un voile, elle va chez Valère, sous le nom de Léonore ; mais, un instant après, Valère dit qu’il vient de donner sa foi à Isabelle, qu’Isabelle vient de lui donner la sienne ; il nomme bien distinctement Isabelle, Ariste le fait remarquer à son frère : est-il possible que Sganarelle n’ouvre point les yeux ? […] Plusieurs de mes lecteurs sont allés sans doute chez un certain petit espiègle, enfant gâté des Français, qu’on appelle le Vaudeville ; on y a vu avec satisfaction Scarron, mademoiselle Daubigné, Ninon, monsieur De Villarceau, avec les habits de leur temps ; qu’on juge par là du plaisir qu’on aurait si, dans le second acte du Misanthrope, les personnages qui composent le cercle de Célimène étaient parés de leur véritable costume ; et nos acteurs n’y perdraient certainement rien : ils pourraient exagérer leur fatuité, sans qu’il fût possible de les comparer aux originaux qu’ils représentent, et Alceste ne nous paraîtrait plus ridicule par cet antique ruban vert qu’une épingle attache mesquinement sur un habit à la moderne.