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145. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Je lui répondis dessus qu’il n’était pas possible qu’une aussi belle pièce que celle-là, en cinq actes, et dont les vers sont fort beaux, eût été faite en aussi peu de temps ; il me répliqua que cela paraissait incroyable, mais que tout ce qu’il venait de me dire était très véritable, n’ayant aucun intérêt de déguiser la vérité. » Ce discours d’Angelo est si fort éloigné de la vraisemblance que ce serait abuser de la patience du lecteur d’en donner la réfutation : aussi, nous ne l’avons employé que pour prévenir des personnes qui, trouvant ce passage dans le volume que nous venons de citer, pourraient l’altérer dans leur récit, et donner le change à un certain public, toujours disposé à diminuer la gloire des grands hommes. […] Pour observer ce précepte, et pour animer davantage le mouvement de l’action, Molière s’est servi en grand maître des deux plus puissants ressorts qu’il soit possible d’imaginer dans un pareil sujet. […] « Si l’on prend la peine d’examiner de bonne foi ma comédie, on verra sans doute que mes intentions y sont partout innocentes, et qu’elle ne tend nullement à jouer les choses que l’on doit révérer ; que je l’ai traitée avec toutes les précautions que demandait la délicatesse de la matière ; et que j’ai mis tout l’art et tous les soins qu’il m’a été possible, pour bien distinguer le personnage de l’hypocrite d’avec celui du vrai dévot.

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