Racine le porta peu de temps après, le genre comique n’était qu’amusant et gai ; et c’est dans ce goût qu’on vit paraître L’Amant indiscret, ou le Maître étourdi ; La Comédie sans comédie ; Le Geôlier de soi-même ; Le Pédant joué, et Le Campagnard. […] « Il fit quelque temps la comédie à la campagne, et quoiqu’il jouât fort mal le sérieux, et que dans le comique il ne fût qu’une copie de Trivelin et de Scaramouche, il ne laissa pas de devenir en peu de temps, par son adresse et par son esprit, le chef de sa troupe, et de l’obliger à porter son nom. […] En récompense il a porté jusqu’au sommet du Parnasse les abbés de Pure et Boyer, Le Clerc, Pradon, etc. […] Une grande troupe ou famille De comédiens de Castille, Se sont établis dans Paris, Séjour des jeux, danses et ris ; Pour considérer leur manière, J’allai voir leur pièce première, Donnant à leur porter tout franc, La somme d’un bel écu blanc ; Je n’entendis point leurs paroles, Mais tant Espagnols, qu’Espagnoles, Tant comiques, que sérieux, Firent chacun tout de leur mieux, Et quelques-uns par excellence, À juger selon l’apparence. Ils chantent et dansent ballets, Tantôt graves, tantôt follets ; Leurs femmes ne sont pas fort belles, Mais paraissent spirituelles ; Leurs sarabandes, et leurs pas Ont de la grâce, et des appas, Comme nouveaux ils divertissent, Et leurs castagnettes ravissent ; Enfin je puisse être cocu, Si je leur plaignis mon écu, Et je crois que tout honnête homme, Leur doit porter pareille somme, Pour subvenir à leur besoin, Puisqu’ils sont venus de si loin, Avecque comédie et danse, Donner du plaisir à la France.