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123. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Tout le monde sait que dans Boccace, une femme, amoureuse d’un jeune homme, trompe son confesseur, et que pensant remplir uniquement les devoirs de son ministère, celui-ci porte au jeune homme des présents, et des billets de sa pénitente ; mais Lope de Vega a substitué au confesseur un vieillard amoureux d’une jeune personne qu’il veut épouser, et dont il ignore que son fils est aimé : elle feint néanmoins de consentir à épouser le père de son amant, et demande seulement pour toute grâce un mois de délai ; ensuite elle prie le vieillard, en qualité de belle-mère future, de faire cesser l’inquiétude que lui causent depuis quelque temps les messages fréquents de son fils. […] « Tout autre que Molière, en de pareilles circonstances, aurait sans doute beaucoup risqué, mais il savait trop de quelle manière il avait traité ses sujets pour ne pas compter avec raison que le public, en les reconnaissant, lui rendrait justice. » M. de Visé, constant ennemi des talents de Molière, a parlé de L’École des maris : voici le jugement qu’il en porte. […] Molière a réussi, j’en conviens, mais s’il a surmonté tous les obstacles qui pouvaient l’arrêter, il en est uniquement redevable à la finesse de son génie, à la justesse de son discernement, et à la parfaite intelligence qu’il avait de l’art dramatique : qualités qui se trouvent si rarement réunies dans un même sujet, et qui sont cependant si nécessaires pour produire des ouvrages excellents. » Dans les Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière, voici le jugement que l’on porte de la pièce des Fâcheux : « Cette espèce de comédie est presque sans nœud. […] « Le second acte ouvrait par le retour de Germino, qui venait éveiller Sganarelle : la troisième entrée, la scène des Bohémiennes. » Troisième entrée : Égyptiens, et Égyptiennes dansant*, « Ensuite Sganarelle allait frapper à la porte d’un Magicien, et le consultait sur son mariage ; le Magicien appelait les Démons. » Quatrième entrée : Magiciens et Démons. […] Vous pouviez-vous passer d’exemple de la sorte : Mais enfin, de la Souche est le nom que je porte, J’y vois de la raison, j’y trouve des appas, Et m’appeler de l’autre, est ne m’obliger pas.

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