[Les femmes dans Molière] Dans le tableau si vrai et si varié que Molière a tracé de la comédie qui se joue en ce monde, les femmes, qui forment la plus belle et, dit-on, la plus capricieuse ou, si l’on veut, la moins raisonnable partie de l’espèce humaine, devaient nécessairement avoir leur part dans les rigueurs de notre grand poète dramatique. […] Mariane dans Le Tartuffe, Lucile dans Le Bourgeois gentilhomme, Angélique dans Le Malade imaginaire sont autant de caractères charmants de jeunes filles, au milieu desquels il semble que notre grand poète se soit plu à vivre en esprit, comme s’il s’en fut fait une sorte de famille. […] Le poète philosophe connaissait trop bien le cœur humain pour ne pas savoir que le bon sens, l’esprit même, sont de toutes les conditions ; et que souvent c’est dans celles où, sous prétexte d’éducation, le pédantisme et l’affectation n’ont pu gâter le naturel, que se trouve la plus saine appréciation des choses et la manière la plus nette et la plus piquante de les exprimer.