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54. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Il en est ainsi dans tous les temps : les médiocrités, pour se venger du talent qui les accable, prennent toujours le masque de la passion dominante ; plus tard elles eussent dénoncé Molière comme janséniste ; aujourd’hui elles le traiteraient de séditieux ou de révolutionnaire. […] Quand la ferme volonté du roi et les applaudissements du public eurent réduit au silence l’esprit de persécution, il se replia sur la critique littéraire ; il se mit à accuser de plagiat celui qu’il n’avait pu convaincre d’athéisme ; il accordait d’abord assez volontiers à Molière le talent et l’invention comique, pour le mieux damner comme impie ; plus tard, ne pouvant le faire brûler comme mauvais chrétien, il se mit à le condamner comme mauvais auteur. […] On croirait que, satisfait de rompre le mariage de Valère avec elle, il se réserve seulement de l’épouser plus tard, afin de dominer un jour la maison comme gendre après y avoir joui d’abord de tous les droits du maître. […] Si plus tard il se montre plus empressé de devenir l’époux de Marianne, c’est que Damis a surpris sa passion criminelle ; c’est qu’il doit avoir hâte d’entrer dans une famille dont de nouvelles explications peuvent le faire sortir.

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