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53. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Et en chemin nous heurtons le jeune Despréaux, qui, déjà, l’air satisfait, s’en va monologuant les vers que cinq jours plus tard il enverra pour étrennes à Molière : En vain mille jaloux esprits, Molière, osent avec mépris Censurer ton plus bel ouvrage, Sa charmante naïveté S’en va pour jamais d’âge en âge Enjouer la postérité…… Voilà à peu près comme on peut se figurer la première de l’École des Femmes. […] Les précieuses, appuyées des auteurs et des comédiens, essayaient leur revanche ; et les dévots se mirent de la partie ; sous l’étincelante cour du jeune roi, ils creusaient déjà les sapes par où ils devaient plus tard s’introduire dans la place. […] Armande était à ce moment dans une situation intéressante ; mais les actrices d’alors semblent avoir pris cet accident avec plus de philosophie que de nos jours, et Mlle Beauval, qui eut plus tard tant de succès dans Georgette, eut consécutivement vingt-huit indispositions de ce genre, sans que cela l’arrêtât dans sa carrière. — Il est vrai que c’était de son mari, à ce que dit l’histoire. […] cette idée étrange, émise par un ennemi de Molière dans un des plus sots pamphlets dialogues qu’ait fait éclore l’École des Femmes, cette idée a été reprise plus tard par des gens qui se disent ses admirateurs ; et tandis que le sieur Robinet en prenait texte pour reprocher à Molière de ne pas savoir son métier, ces amis de Molière en prétendent, au contraire, tirer parti pour le faire admirer davantage. — D’après eux, le comble du génie, pour un poète comique, c’est de faire pleurer ; pour un auteur tragique, c’est probablement de faire rire.

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