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94. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

Le Théâtre Espagnol lui offrit quelquefois une intrigue pleine de vivacité et d’esprit ; et s’il y condamna le mélange du sacré et du profane, de la grandeur et de la bouffonnerie, les fous, les Astrologues, les scènes de nuit, les méprises, les travestissements, l’oubli des vraisemblances, au moins vit-il que la plupart des intrigues roulaient sur le point d’honneur et sur la jalousie, vrai caractère de la Nation. […] Mais ni Regnard, toujours bon plaisant, toujours comique par son style, souvent par la situation dans ses Pièces privées de moralité ; ni Dancourt, soutenant par un dialogue vif, facile et gai une intrigue agréable, quoique licencieuse gratuitement ; ni Dufréni, toujours plein d’esprit, Philosophe dans les détails, très peu dans l’ensemble, faisant sortir son comique ou du mélange de plusieurs caractères inférieurs, ou du jeu de deux passions contrariées l’une par l’autre dans le même personnage ; ni quelques Auteurs célèbres par un ou deux bons Ouvrages dans le genre où Molière en a tant donné : rien n’a dédommagé la Nation, forcée enfin d’apprécier ce grand homme, en voyant sa place vacante pendant un siècle.

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