Le pere qui apprehendoit que ce plaisir ne dissipât son fils, & ne lui ôtât toute l’attention qu’il devoit à son métier, demanda un jour à ce bon homme, pourquoi il menoit si souvent son petit-fils au Spectacle ? […] Le jeune Pocquelin ne put tenir contre l’envie qu’il avoit de declarer ses sentimens à son pere : il lui avoua franchement qu’il ne pouvoit s’accommoder de sa profession ; mais qu’il lui feroit un plaisir sensible de le faire étudier. […] Le Prince de Conti lui confia la conduite des plaisirs & des spectacles qu’il donnoit à la Province ; & ayant remarqué en peu de tems toutes les bonnes qualitez de Moliere, son estime pour lui alla si loin, qu’il voulut le faire son Secretaire, mais celui-ci aimoit l’indépendance ; & il étoit si rempli du dessein de faire valoir les talens qu’il se connoissoit, qu’il pria Monsieur le Prince de Conti de lui laisser continuer la Comédie, & la place qu’on lui proposoit fut donnée à M. […] Moliere enfin étoit ravi de se voir Chef d’une Troupe ; il se faisoit un plaisir sensible de conduire sa petite Republique ; il aimoit à parler en public, & n’en perdoit jamais l’occasion, dont il s’acquittoit très-bien. […] La Princesse d’Elide, ou les Plaisirs de l’Isle enchantée, Comédie en Prose & en Vers, cinq Actes avec un Prologue, Ballet & Musique, 1664.