Tous sont d’accord en somme pour le grandir sans mesure, en faire un personnage héroïque et fabuleux, l’honneur même, rendant ses oracles ; on se ferait une mauvaise affaire à prendre contre lui le parti d’Oronte, de Philinte ; à plus forte raison de Célimène ; ceux même qui, dans la vie réelle, n’y seraient jamais pour lui et se feraient un plaisir de l’éviter chez les autres se croient obligés d’épouser d’autant plus sa cause au théâtre et de l’admirer bruyamment. […] Plus Alceste l’aura pris de haut, plus elle se donnera le plaisir de le faire descendre. […] Je confesse que je n’étais pas à sa conférence ; je jouais ce soir-là, peut-être du Molière ; car, on le sait, je n’ai jamais prétendu cacher le comédien derrière le conférencier ; c’est mon état de jouer, et surtout de jouer Molière, et ce qui m’a enhardi à parler de ce grand homme, c’est que je ne me borne pas à le lire, mais que je m’essaie souvent à faire revivre ses personnages. — Je n’ai donc pas eu le plaisir d’entendre M. de La Pommeraye ; mais le journal la Conférence, journal spécial, m’a apporté un résumé succinct et fidèle de sa causerie, et c’est sur ce résumé que je hasarderai quelques mots de réplique ; je reproduirai les accusations de mon adversaire, pour mettre au fait ceux de mes auditeurs qui peut-être n’ont, pas plus que moi, eu le plaisir de les lui entendre formuler à lui-même.