poussez, mes bons amis de cœur » ; mais en général on ne peut nier que si le misanthrope était plus misanthrope, il ne fût beaucoup moins plaisant, parce que sa franchise et sa fermeté, n’admettant jamais de détour, ne le laisseraient jamais dans l’embarras. […] On pense si Molière peut être aimé de Rousseau, qui est réformateur, qui est régénérateur, qui veut transformer la société, qui veut l’améliorer, qui veut la ramener à la perfection, qui ne tient aucun compte du ridicule qu’il y a à cela ; mais qui n’est pas, du reste, sans s’apercevoir qu’il a lui-même quelque gaucherie dans cette œuvre qu’il poursuit ; qui entend qu’on dit autour de lui : Et c’est une folie à nulle autre seconde De vouloir se mêler de corriger le monde ; et qui, à la fois, a un mépris profond pour ceux qui trouvent le sublime ridicule et grande crainte, malgré tout, de ceux qui ridiculisent les chercheurs de sublime ; et qui dit : « Tant pis pour qui rira », et aussi, avec colère : Par la sambleu, Messieurs, je ne croyais pas être Si plaisant que je suis !