Laisse gronder tes envieux ; Ils ont beau crier en tous lieux Qu’en vain tu charmes le vulgaire, Que tes vers n’ont rien de plaisant : Si tu savais un peu moins plaire, Tu ne leur déplairais pas tant. […] La Grange s’y distingua singulièrement ; il avait du feu, de la hardiesse, de la grâce, et ne plaisait pas moins en débitant ses compliments (terme technique) qu’en jouant ses rôles. […] Arrivé avec lui à Paris, en 1658, il s’y fit beaucoup de réputation ; et, quoique devenu boiteux par un accident qui honorait son courage, il n’en continua pas moins de plaire au public. Le troupeau servile des imitateurs donna en cette occasion une preuve de son goût ; parce que Béjart boitait, tous les comédiens de province qui jouaient son emploi, se crurent obligés de boiter, sans faire attention que cela n’était nécessaire que dans L’Avare, où Molière, sûr de l’affection que le public portait à Béjart, n’avait pas craint de faire dire à Harpagon : Je ne me plais point à voir ce chien de boiteux-là. […] Que de raisons pour plaire, pour amasser autour d’elle des flots d’adorateurs, pour désespérer Molière qui l’adorait, et dont cent fois elle mit à bout toute la philosophie !