Cet effet naturel des passions est signalé en ces termes dans cette comédie, alors que Done Elvire se plaint de la jalousie de Don Garcie : « Voir un prince emporté qui perd à tous moments le respect que l’amour inspire aux vrais amants ; qui, dans les soins jaloux où son âme se noie, querelle également mon chagrin et ma joie, et dans tous mes regards ne peut rien remarquer qu’en faveur d’un rival il ne veuille expliquer. » Mais les facultés intellectuelles ne se bornent pas alors à interpréter faussement les faits, à créer ainsi des idées chimériques, délirantes ; elles prêtent également tout leur concours à la satisfaction de la passion. […] En premier lieu, pour peindre l’absorption du père de Psyché par la douleur que lui cause l’arrêt des Dieux qui ravit sa fille à son affection : « Mon juste désespoir ne saurait se contraindre (dit-il), Je veux, je veux garder ma douleur à jamais ; je veux sentir toujours la perte que je fais ; de la rigueur du ciel, je veux toujours me plaindre ; je veux jusqu’au trépas incessamment pleurer ce que tout l’univers ne peut me réparer. » Ces vers admirables, qui par leur expression sentimentale peuvent rivaliser avec les plus beaux de Corneille et de Racine, font naturellement penser à la répétition ; employée par Virgile pour peindre l’absorption d’Orphée par le souvenir d’Euridice, dans ces vers si suaves et si tendres : Te dulcis conjux, te solo in littore secum te veniente die, le descendente canebat.