/ 168
145. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Depuis le jour où Cicéron, plaidant pour Roscius, le plaignait, étant si honnête homme, d’exercer une profession si décriée, le métier de comédien n’a rien gagné dans l’estime publique. […] Les larrons dont ils se plaignent ne hantaient point les églises, n’ont point surpris leur confiance par « l’ardeur dont au ciel ils poussaient leurs prières » ; aucune religion n’a jamais été pour rien dans aucune des commandites où ils ont pu laisser un brin de leur toison ! […] Il faut, selon le sens de l’Évangile, les haïr et les renoncer ; et ils ne doivent point s’en plaindre, puisque si le scandale vient de vous-mêmes, il faut vous haïr et vous renoncer vous-mêmes… « Mais ne doit-on pas ménager le prochain, surtout si c’est un ami, un homme distingué par sa naissance, par son rang ? […] Molière a d’ailleurs accru cette difficulté, déjà invincible, en évitant de rendre le Misanthrope tout à fait ridicule et en lui donnant même un caractère élevé, ce qui l’oblige à le faire plaindre et à le laisser malheureux. […] mais enfin je la comprends, je la plains, et autant qu’il est permis, je l’excuse.

/ 168