Il feignit que, dès le collège de Clermont, Cyrano eût emmagasiné dans sa mémoire un fond de bonnes choses qu’il tenait de Molière et dont il se servit par la suite. « Aussi », ajoute sérieusement Grimarest, « Molière ne s’est-il pas fait un scrupule de placer dans ses ouvrages plusieurs pensées que Cyrano avait employées auparavant dans les siens. — Il m’est permis, disait Molière, de reprendre mon bien où je le trouve. » Grimarest lui-même, malgré son effronterie, ne revendiquait pour Molière qu’un droit de restitution et non de butin. […] Aussi, comme il alla dans les environs du Mans, où Scarron a placé les scènes de son roman, écrit à cette époque même ; comme, d’un autre côté, l’évêque du Mans, M. de Lavardin, ami de Scarron et très proche parent de M. de Modène, pouvait avoir intérêt à faire tourner en ridicule cette troupe de comédiens et de comédiennes, où le comte s’était presque mésallié, on a pensé, non sans quelque raison, que les héros et les héroïnes de la burlesque Odyssée étaient de la troupe de Molière. […] Lorsqu’en 1664 madame de Longueville se trouva privée de son directeur, par la mort de M. de Singlin, auquel elle était si fortement attachée, et dont les conseils étaient si nécessaires à sa conscience, elle chercha partout où placer son âme inquiète. […] Comme la reine-mère représentait à la cour le parti de la religion, la pièce, placée sous cette pieuse garantie, échappait à toute interprétation malveillante. […] Génin116, de desservir l’autel placé sous cette invocation sinistre », avait lancé contre le Tartuffe le libelle étrange dont nous avons parlé, et qui était tout à la fois pour Louis XIV un panégyrique insensé d’éloges, contre Molière le plus virulent des pamphlets, et pour tous la plus sotte des homélies.