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188. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Il feignit que, dès le collège de Clermont, Cyrano eût emmagasiné dans sa mémoire un fond de bonnes choses qu’il tenait de Molière et dont il se servit par la suite. « Aussi », ajoute sérieusement Grimarest, « Molière ne s’est-il pas fait un scrupule de placer dans ses ouvrages plusieurs pensées que Cyrano avait employées auparavant dans les siens. — Il m’est permis, disait Molière, de reprendre mon bien où je le trouve. » Grimarest lui-même, malgré son effronterie, ne revendiquait pour Molière qu’un droit de restitution et non de butin. […] Aussi, comme il alla dans les environs du Mans, où Scarron a placé les scènes de son roman, écrit à cette époque même ; comme, d’un autre côté, l’évêque du Mans, M. de Lavardin, ami de Scarron et très proche parent de M. de Modène, pouvait avoir intérêt à faire tourner en ridicule cette troupe de comédiens et de comédiennes, où le comte s’était presque mésallié, on a pensé, non sans quelque raison, que les héros et les héroïnes de la burlesque Odyssée étaient de la troupe de Molière. […] Lorsqu’en 1664 madame de Longueville se trouva privée de son directeur, par la mort de M. de Singlin, auquel elle était si fortement attachée, et dont les conseils étaient si nécessaires à sa conscience, elle chercha partout où placer son âme inquiète. […] Comme la reine-mère représentait à la cour le parti de la religion, la pièce, placée sous cette pieuse garantie, échappait à toute interprétation malveillante. […] Génin116, de desservir l’autel placé sous cette invocation sinistre », avait lancé contre le Tartuffe le libelle étrange dont nous avons parlé, et qui était tout à la fois pour Louis XIV un panégyrique insensé d’éloges, contre Molière le plus virulent des pamphlets, et pour tous la plus sotte des homélies.

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