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3. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

Immuable au centre des révolutions que le bon ou le mauvais goût a produites et a déchaînées au pied de toutes les idoles, il a résisté au silence désastreux que Voltaire fit planer pendant un demi-siècle sur la tête de Corneille; il n’a éprouvé aucun des outrages que Racine a subis au moment d’une transformation récente et dont sa joue est encore chaude; il a presque soutenu à lui seul, de son pied de bronze, tout l’édifice du XVIIe siècle, fortement ébranlé. […] Un gardien ouvrira la grille aux visiteurs étrangers, et leur dira : —Ici, messieurs, Molière appuyait le pied quand il composait; là il pleurait sur la légèreté de la Béjart ; là, à cette croisée, il prenait le frais après son dîner ou après le spectacle; là il mourut. […] On reculera devant le prosaïsme des habits, de la cravate, des souliers, où bien on trouvera un sculpteur juste-milieu qui sculptera , sur le dos de Molière, un habit homérique, et à ses pieds des souliers héroïques. […] Une des joies de mes loisirs est de voir une colonne de quarante ou cinquante pieds monter comme une borne exagérée au milieu d’un embarras de maisons dont la moindre a deux fois la hauteur des plus hautes colonnes.

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