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112. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Née dans une république turbulente et toute populaire, comme l’était alors Athènes, elle dut d’abord s’attaquer à ce qu’il y avait de plus élevé ; elle se mit donc à insulter les magistrats, les généraux, les orateurs, les philosophes, tous ceux enfin qui attiraient les regards et excitaient l’envie par la supériorité du rang ou du mérite. […] Cicéron, grand philosophe, grand orateur, grand citoyen, mais assez méchant diseur de bons mots, admire beaucoup ceux de Plaute. […] Il lui inspira un attachement plus profond, plus dévoué que ne semblait le comporter l’insouciante légèreté de son caractère, et il dut à cette liaison l’inestimable avantage d’entendre les leçons d’un des plus grands philosophes de cette époque. […] Cette exclamation fameuse n’est pas celle d’un riche insolemment surpris de rencontrer quelque délicatesse sous les haillons de la misère ; c’est celle d’un philosophe humain qui sent profondément combien la probité, devoir facile pour l’homme opulent, quand elle ne lui commande pas de trop grands sacrifices, est une vertu pénible et méritoire dans l’homme indigent, qui toujours lui immole ses propres besoins et ceux de sa famille. […] … En effet, Molière, homme d’une raison supérieure et philosophe trop éclairé pour n’être pas indulgent, ressemble beaucoup au personnage bourru et emporté qui fait consister la franchise à dire des vérités gratuitement offensantes, qui est charmé de perdre un procès de vingt mille francs, parce qu’il aura, pour son argent, droit de pester contre ses juges, enfin qui hait les hommes et veut les fuir, au lieu de les supporter, de les plaindre et de les secourir au besoin !

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