/ 142
104. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Combien de fois il a dû se jeter avec effusion dans les bras de Mlle de Brie, après avoir refroidi son sein à cette cuirasse d’acier qui s’appelait Armande ; et il était trop philosophe et trop humain pour ne pas comprendre la loi fatale de l’amour. […] Ces quatre hommes de génie ne mirent pas l’épée à la main pour se la disputer, mais ils se brouillèrent, hormis La Fontaine, qui ne se brouillait qu’avec sa femme, car celui-là était plus philosophe encore qu’il n’était amoureux ; Quel beau roman à faire, cette comédienne entre ces quatre amoureux illustres et jouant avec eux de l’éventail de Célimène, même quand il faut cacher ses chutes sous l’éventail ! […] Il est pourtant peint en pied, de face, de profil et de trois quarts dans l’Éloge de la Folie : « On passerait encore aux philosophes d’exercer les charges publiques comme les ânes jouent de la lyre, s’ils étaient du moins bons à quelque chose dans la vie privée. Mais menez un philosophe au milieu d’un festin : son silence, sa tristesse ou ses questions saugrenues troubleront aussitôt la fête ; faites-le danser, il déploiera les grâces d’un chameau ; si vous parvenez à l’entraîner à un spectacle, son seul aspect glacera les plaisirs de la foule, et, comme l’austère Caton, on le priera de quitter le théâtre puisqu’il ne peut quitter pour une heure son air grave et sévère. […] S’agit-il d’acheter, de faire un acte quelconque, une ces mille négociations que veut le commerce journalier de la vie, notre philosophe n’est plus un homme, c’est une souche.

/ 142