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92. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Quoi qu’il en soit, voici le passage : « [*]À l’égard de l’Amphitryon de Molière, qui s’est si fort acquis la faveur du peuple, et même de beaucoup d’honnêtes gens, M.  […] Loin d’examiner sévèrement cette farce, les gens de bon goût reprochèrent à l’auteur d’avilir trop souvent son génie à des ouvrages frivoles qui ne méritaient pas d’examen ; mais Molière leur répondait qu’il était comédien aussi bien qu’auteur, qu’il fallut réjouir la Cour et attirer le peuple, et qu’il était réduit à consulter l’intérêt de ses acteurs, aussi bien que sa propre gloire. » Voici de quelle façon Robinet parle de la représentation de Pourceaugnac devant le roi et la Cour, à Chambord. […] « [*]Molière ne laissait point languir le public ; toujours heureux dans le choix de ses caractères, il avait travaillé sur celui du Misanthrope, il le donna au public, mais il sentit dès la première représentation que le peuple de Paris voulait plus rire qu’admirer ; et que pour vingt personnes qui sont susceptibles de sentir des traits délicats et élevés, il y en a cent qui les rebutent, faute de les connaître. […] Il consultait ses amis ; il examinait avec attention ce qu’il travaillait ; on sait même que lorsqu’il voulait que quelque scène prît le peuple de spectateurs, comme les autres, il la lisait à sa servante, pour voir si elle en était touchée. […] Il ne le porta pas loin ; Molière, pour se venger de ce campagnard, le mit en son jour sur le théâtre, et en fit un divertissement au goût du peuple, qui se réjouit fort à cette pièce. » 1.

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