Quand la critique conjecturale va jusque-là, elle n’offre plus aucun danger, et l’on aurait tort de s’en plaindre : c’est un passe-temps comme un autre, et qu’on peut ranger parmi les jeux innocens ; mais parmi les lieux communs historiques auxquels la question des influences littéraires a donné lieu, il en est un dont les conséquences n’échappent à personne : c’est l’influence personnelle qu’aurait eue Louis XIV sur la littérature de son temps. […] La Bruyère, qui écrivit ses Caractères vers la fin de la première moitié du règne (1687), peintre admirable de détails, n’est d’ailleurs mis par personne, je suppose, sur la même ligne que les grands moralistes qui l’ont précédé. […] Remarquons d’abord qu’il est parfaitement faux de dire, comme on le répète chaque jour, que, le premier, Louis XIV eut le mérite de dérober les gens de lettres à la protection humiliante des grands seigneurs, en leur donnant des pensions, qui les faisaient dépendre, non plus d’un particulier, mais de l’état incarné en sa personne. […] Mazarin en rétablit quelques-unes, et, si l’on en croit Ménage, il avait fait dresser un rôle de toutes les personnes de lettres 8, auxquelles il voulait étendre ses libéralités, lorsque les troubles de la fronde et la guerre extérieure lui donnèrent d’autres préoccupations. […] Quant à Scaramouche, « une foule extraordinaire de toutes sortes de personnes accompagna son corps jusque dans l’église de Saint-Eustache, où il fut inhumé avec une grande pompe le 8 décembre 1694. » (Vie de Scaramouche) 3.