» Puis, après cette boutade arrachée à son bon sens par les visions de deux folles achevées, il ajoute, avec la dignité de l’honnête homme et du père : « Le mariage est une chose sacrée, et c’est faire en honnêtes gens que de débuter par là497. » Chacun a dans la mémoire l’excellente scène où Clitandre ne peut venir à bout de persuader à Bélise que ce n’est ni à elle ni à sa pudeur qu’il en veut498 et ce personnage burlesque est la plus juste critique du parfait amour, par lequel beaucoup de femmes essaient de se tromper elles-mêmes et d’excuser des liaisons destinées nécessairement à aller plus loin. […] Le scandale du monde est ce qui fait l’offense, Et ce n’est pas pécher que pécher en silence508 ; en vain les raffinées comme Armande trouvent que c’est « jouer un petit personnage » De se claquemurer aux choses du ménage, Et de n’entrevoir point de plaisirs plus touchants Qu’une idole d’époux et des marmots d’enfants509 : — l’homme et la femme ont par nature un penchant qui les porte à s’aimer ; et cet amour peut, doit être satisfait par le mariage, seulement. […] Non-seulement cent personnages mis sous les yeux du spectateur offrent en exemple la morale du mariage ; mais encore, de tous les discours mis çà et là dans leur bouche, on peut tirer un ensemble de maximes, qui, réunies et mises en ordre, constituent un véritable code moral du mariage : je demande de quel auteur dramatique ou de quel romancier on en peut tirer autant ? […] VI, Ce que c’est que les mariages du théâtre : « On commence par se livrer aux impressions de l’amour sensuel ; le remède des réflexions ou du mariage vient trop tard ; déjà le faible du cœur est attaqué, s’il n’est vaincu ; et l’union conjugale, trop grave et trop sérieuse pour passionner un spectateur qui ne cherche que le plaisir, n’est que par façon et pour la forme dans la comédie… Toute comédie, selon l’idée de nos jours, veut inspirer le plaisir d’aimer ; on en regarde les personnages, non pas comme gens qui épousent, mais comme amants ; et c’est amant qu’on veut être, sans songer à ce qu’on pourra devenir après (chap.