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131. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

On le perd ici de vûë pendant quelques années ; cet intervalle fut le tems des guerres civiles qui agitérent Paris & tout le royaume, depuis 1648 jusqu’en 1652. […] Si l’on en considére l’objet, c’est la critique universelle du genre humain ; si l’on examine l’ordonnance, tout se rapporte au misantrope, on ne le perd jamais de vûë, il est le centre d’où part le rayon de lumiére qui se répand sur les autres personnages, & qui les éclaire. […] On fut forcé de convenir qu’une prose élégante pouvoit peindre vivement les actions des hommes dans la vie civile ; & que la contrainte de la versification, qui ajoûte quelquefois aux idées, par les tours heureux qu’elle donne occasion d’employer, pouvoit quelquefois aussi faire perdre une partie de cette chaleur & de cette vie, qui naît de la liberté du stile ordinaire. […] Il perdit enfin son repos, & la douceur de sa vie ; mais sans perdre aucun des agrémens de son esprit.

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