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170. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

De là cette franchise, parfois même cette crudité d’une langue hardie, passionnée, pittoresque, primesautière, indépendante, toute populaire, et dont le relief, la couleur, et l’opulence nous font penser à Villon, à Rabelais, à d’Aubigné, à Régnier, j’allais dire à Bossuet (car Molière a la même ampleur), à Saint-Simon (car il est son égal par l’imagination, et le surpasse par la science du choix ou de la mesure). […] Nous ne le pensons pas. […] Ensuite, il n’est pas juste d’affirmer que le poète veut faire aimer Cléante : car, si l’on peut plaindre le fils d’un tel père, et atténuer les torts de l’un par ceux de l’autre, on ne va pas jusqu’à la sympathie qui les approuve ; on se borne à penser que des enfants indignes sont le châtiment des parents avilis. […] Gentilhomme pauvre, mais qui ne fera jamais un trafic de son blason, il aime la fille d’un riche roturier ; mais je suis certain qu’il n’a pas même pensé à sa dot : il n’a souci que de la personne, et n’est séduit que par son mérite. […] Benoist, avaient pu entrevoir ce que doit être la comédie de caractères, les Romains n’y pensaient pas.

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