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60. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

Et cette langue est bien l’expression de sa pensée, large, vaillante et généreuse, et humaine jusqu’à la prodigalité. […] — Elle sent qu’on ne lui dit pas tout : et elle, qui va si droit dans sa pensée, s’étonne des complications et des réticences d’Arnolphe. […] J’ai des pensées que je désirerais que vous sussiez ; mais je ne sais comment faire pour vous les dire, et je me défie de mes paroles. […] Et si l’on parlait mariage devant elle, et qu’on s’étonnât de la voir, toujours paisible, résoudre son cœur aux suites de ce mot, elle répondrait avec Henriette : Les suites de ce mot, quand je les envisage, Me font voir un mari, des enfants, un ménage ; Et je ne vois rien là, si j’en puis raisonner Qui blesse la pensée et fasse frissonner. […] Et ce n’est pas, dans sa pensée, d’instruction pure qu’il s’agit, mais d’éducation : c’est-à-dire qu’aux livres il faut ajouter cette grande école, le monde : Et l’école du monde, en l’air dont il faut vivre, Instruit mieux à mon sens que ne fait aucun livre.

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