Donne la main à mon dépit, & soutiens ma résolution contre tous les restes d’amour qui me pourroient parler pour elle : dis-m’en, je t’en conjure, tout le mal que tu pourras : fais-moi de sa personne une peinture qui me la rende méprisable ; & marque-moi bien, pour m’en dégoûter, tous les défauts que tu peux voir en elle. […] Une peinture, dans quelque genre qu’elle soit, est bien foible quand elle nous laisse le sang-froid de la juger par comparaison : il faut qu’elle nous transporte dans le temps & le lieu où l’action s’est passée : il faut que nous pensions la voir de nos yeux ; que nous partagions, par exemple, les malheurs d’Orgon & ceux de toute sa famille ; que nous craignions de voir échapper Tartufe aux châtiments qu’il mérite.