La recette a dû être considérable ; elle aidera la Comédie-Française à payer son budget de chaque mois. […] Si Valentin a peu de confiance dans la vertu des femmes, c’est qu’il a éprouvé plus d’une fois leur fragilité, et, comme le lui dit vertement son oncle, il craint de payer le mal qu’il a fait aux autres et d’être puni par où il a péché. […] Molière, avec cette variété merveilleuse qui est un des caractères de son génie, nous a montré ce personnage sous toutes ses faces ; philosophe railleur et cynique avec son valet, ironique avec son père, brave dans le danger et vraiment gentilhomme ; gouailleur avec ses créanciers, qu’il ne paie point ; méprisant avec les femmes, qu’il désire, séduit et renvoie sans pitié ; incapable d’une faiblesse, même devant un spectre authentique ; hypocrite par accès, et se raillant lui-même de son hypocrisie ; car il se moque de tout, et c’est lui qui est la première et la plus grande personnification de la blague parisienne. […] Elle ne sait rien des turpitudes de ce Dorante qui lui fait la cour ; elle accepte ses dîners et ses cadeaux sans se douter qu’un autre les paie ; elle rit du bourgeois gentilhomme sans soupçonner que le plus clair de sa fortune vient de lui ; elle ne songe qu’au mariage, qui raccommode toute chose. […] Il se fait entretenir par les femmes et il en tire vanité ; il escroque un héritage ; il se laisse, par intermédiaire il est vrai, traiter de lâche ; il trouve fort bon qu’un autre paye ses dettes, et s’applaudit du bon tour qu’on a joué à la dupe ; il commet un faux en écriture publique ; et n’en est que plus gaillard.