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73. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Ce même homme qui exige du genre humain, de ce pauvre genre humain que nous sommes, toutes les perfections, tous les renoncements, ne fait pas à autrui la moindre charité : il veut qu’on le souffre, et ne souffre rien à personne. […] mon pauvre ami ! […] Et puisque notre cœur fait un effort extrême Lorsqu’il peut se résoudre à confesser qu’il aime, Puisque l’honneur du sexe, ennemi de nos feux, S’oppose fortement à de pareils aveux, Oui, après la peine qu’elle a eue, cette pauvre Célimène, à lui dévoiler son cœur ; songez donc ! […] Non ; il faut qu’il paie pour son humeur ; Célimène entend s’en amuser d’autant plus qu’il est d’habitude plus hargneux et plus désobligeant ; et elle en vient à bout sans grand peine, car véritablement le pauvre homme n’est pas de force. […] Telles sont, je crois, les leçons qui ressortent du chef-d’œuvre de Molière ; elles sont dignes du grand comique, dignes du génie sociable et bon de notre race, et il les donne à Alceste, comme don Juan fait l’aumône au pauvre, —  pour l’amour de l’humanité.

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