L’affaire fut faite avec une rapidité brutale : les pauvres comédiens n’avaient joué que douze fois depuis la mort de leur illustre directeur, quand ils reçurent l’ordre de déguerpir ; il leur fallut louer en hâte cette salle de la rue Mazarine jadis construite par Perrin, Cambert et le marquis de Sourdéac, et qui leur fut affermée à raison de 2,400 livres par an. […] Armande, commune en biens avec son mari, jouissait d’une trop grande aisance pour jouer le rôle d’une lionne pauvre, et Molière n’eût pas continué à vivre sous le même toit que sa femme si elle eût fait trafic de ses charmes. […] Elle fit voiturer cent voies de bois dans ledit cimetière, lequel bois fut brûlé sur la tombe de son mari, pour chauffer tous les pauvres du quartier : la grande chaleur du feu ouvrit cette pierre en deux. […] Le lieutenant aux gardes de service à Versailles était un vieillard, couvert de blessures, pauvre et chargé de famille. […] Comme le curé d’Auteuil, qui conduisit Armande aux pieds de Louis XIV, le curé de Saint-Germain connaissait le bon cœur et la charité de ce comédien, à qui un prêtre trop rigoriste refusait les prières de l’Église ; il l’avait vu maintes fois verser entre ses mains « les reliquats impartageables des chambrées », et même des sommes relativement assez fortes, prélevées au profil des pauvres sur les bénéfices du théâtre.