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19. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

L’étude de son propre cœur troublé par la passion lui avait donné des lumières pour mieux voir les secrets ressorts des actions humaines. […] Voici ce qu’il dit : « Je sais qu’il y a des esprits dont la délicatesse ne peut souffrir aucune comédie ; qui disent que les plus honnêtes sont les plus dangereuses ; que les passions que l’on y dépeint sont d’autant plus touchantes qu’elles sont pleines de vertu, et que les âmes sont attendries par ces sortes de représentations. Je ne sais pas quel grand crime c’est de s’attendrir à la vue d’une passion honnête ; et c’est un haut étage de vertu que cette pleine insensibilité où ils veulent faire monter notre âme. Je doute qu’une si grande perfection soit dans les forces de la nature humaine, et je ne sais pas s’il n’est pas mieux de travailler à rectifier et à adoucir les passions des hommes que de vouloir les retrancher entièrement. […] Mais dès ce second essai de grande comédie il avait révélé, par plusieurs scènes, son habileté à peindre les mœurs et la passion.

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