Il en est ainsi dans tous les temps : les médiocrités, pour se venger du talent qui les accable, prennent toujours le masque de la passion dominante ; plus tard elles eussent dénoncé Molière comme janséniste ; aujourd’hui elles le traiteraient de séditieux ou de révolutionnaire. […] C’est au tribunal de la pénitence que l’abbé fait éclater sa passion criminelle ; la jeune femme stupéfaite lui dit : « Ô mon père ! […] Où a-t-il trouvé cette peinture si énergique et si profonde de l’hypocrisie et du fanatisme, ce secret de forcer l’imposture jusque dans ses derniers retranchements, d’arracher la vérité au mensonge même, et de faire jaillir du choc des plus viles passions le triomphe de la vertu ? […] Tartuffe n’a pas d’ailleurs, comme le pâle hypocrite de La Bruyère, la force de maîtriser ses passions ; elles sont ardentes, impérieuses ; sa lubricité, son avarice, sont sans cesse excitées à l’aspect d’une maison riche et d’une femme séduisante. […] Des misérables affectaient l’austérité des mœurs républicaines, et s’abandonnaient, sous le manteau du stoïcisme, aux vices les plus honteux et aux passions les plus criminelles.