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110. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Moliere avoit un grand-pere qui l’aimoit éperduëment ; & comme ce bon homme avoit de la passion pour la Comedie, il y menoit souvent le petit Pocquelin à l’Hôtel de Bourgogne. […] Cependant il avoit crû que son bonheur seroit plus vif & plus sensible, s’il le partageoit avec une femme ; il voulut remplir la passion que les charmes naissans de la fille de la Béjart avoient nourrie dans son cœur, à mesure qu’elle avoit crû. […] Il étoit surprenant qu’un enfant de dix ou onze ans, sans avoir été conduit dans les principes de la déclamation, fît valoir une passion avec autant d’esprit qu’il le faisoit. […] Je ne vous raporterai point une infinité d’exemples qui vous feroient connoître la puissance de cette passion, je vous ferai seulement un recit fidelle de mon embaras.... […] Je ne voi point, ajoûta Moliere, de passion plus indigne d’un galant homme que celle du vin : Chapelle est mon ami, mais ce malheureux penchant m’ôte tous les agrémens de son amitié.

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