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26. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Ce passage immédiat du chant à la parole, que Rousseau blâme, comme un mélange hétérogène de deux langages trop divers, peut déplaire à l’oreille, mais on ne saurait nier qu’il ne soit avantageux à la structure de la pièce. […] Le passage brusque du chant à la parole, qui se renouvelle souvent après deux ou trois coups d’archet, ou deux ou trois phrases, la bigarrure qui résulte de l’entassement de ces vieilles romances et de ces ponts-neufs, de styles tout à fait disparates, doit déchirer des oreilles habituées à la musique italienne ; mais si l’on passe par-dessus cet inconvénient, il faut convenir que rien n’est plus gai et plus agréable. […] On reconnaît çà et là les membres dispersés du poète, mais tout est si renversé, si tourmenté, une confusion si pénible a remplacé la riche simplicité de l’original, que les passages mêmes qui sont traduits mot à mot, perdent en quelque sorte leur véritable sens. […] En général, les acteurs français considèrent un rôle comme une mosaïque de passages brillants qu’ils cherchent à faire valoir indépendamment les uns des autres ; ils ne saisissent pas le centre d’un caractère, comme un foyer lumineux dont tous les détails ne sont plus que des rayons.

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