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126. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Nous allons examiner brièvement si Molière a vraiment réussi à perfectionner les pièces qu’il a imitées, en tout ou en partie, de Plaute et de Térence ; et nous aurons toujours présenta l’esprit que la comédie latine n’offre qu’une image effacée et peut-être défigurée de la comédie attique, afin de pouvoir juger si l’auteur français aurait surpassé les Grecs eux-mêmes, supposé que leurs ouvrages fussent parvenus jusqu’à nous. […] Voltaire qui n’a jamais réussi dans la comédie proprement dite, a donné, dans Nanine et dans L’Enfant prodigue, un mélange de scènes comiques et de situations attendrissantes, dont la partie sérieuse mérite de véritables éloges, et la Chaussée avait déjà introduit en France le drame sentimental. […] Le goût pour les sentiments romanesques, qui a dominé pendant une partie du dernier siècle, a prolongé un peu l’existence du drame larmoyant ; mais la tragédie bourgeoise n’a jamais eu beaucoup de succès en France, parce qu’on y aime trop ce qui a de l’éclat et de pompe. […] Ils ont toujours peur de n’en pas faire assez, et en conséquence, ce qu’il y a de moins brillant dans leur talent, c’est la partie du jeu contenu, c’est le silence éloquent qui, sous l’apparence du calme extérieur, trahit l’agitation profonde de l’âme.

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