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17. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Le caractère divin du coupable est une excuse de plus aux yeux du spectateur, qui ne rencontre qu’à la fin l’objection timide de Sosie : Le seigneur Jupiter sait dorer la pilule595 ; et certes, ce n’est pas assez de trois paroles ironiques dans la bouche d’un valet méprisable, pour ramener à un jugement moral le spectateur démoralisé de main de maître par trois actes irrésistibles. […]   Autant on a approuvé les paroles hardies, mais convenables, qui effarouchaient les spectatrices précieuses de l’École des Femmes 611 ; autant on approuvera même la gaillardise, peu conforme au caractère de Dorine, mais nécessaire pour répondre à l’hypocrite lubricité de Tartuffe 612 : autant on condamnera sans rémission les plaisanteries grossières dont Molière a quelquefois sali d’excellentes scènes, entraîné par le désir de soulever le gros rire populaire613. […] On oublie, ou même on ignore les intermèdes et les danses qui s’y mêlaient, les paroles et les chansons qu’il mettait dans la bouche des nymphes et des bergers dont il peuplait l’Elide ou la vallée de Tempé transportées à Versailles. […] L’un d’eux, s’avançant à la tête, chanta fièrement ces paroles : » Arrêtez, c’est trop entreprendre : Un autre dieu, dont nous suivons les lois, S’oppose à cet honneur qu’à l’Amour osent rendre Vos musettes et vos voix. […] Nous n’en possédons que les paroles chantées, conservées dans la partition de Lulli : Molière avait brûlé son manuscrit.

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