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116. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

      La troupe des comédiens Que Monsieur avoue être siens, Représentant sur leur théâtre, Une passion assez folâtre, Autrement un sujet plaisant, À rire sans cesse induisant, Par des choses facétieuses, Intitulées Les Précieuses, Ont été si fort visités, Par gens de toutes qualités, Qu’on n’en vit jamais tant ensemble, Que ces jours passés, ce me semble, Dans l’Hôtel du Petit-Bourbon, Pour ce sujet mauvais ou bon, Ce n’est qu’un sujet chimérique, Mais si bouffon, et si comique, Que jamais les pièces Du Ryer, Qui fut si digne de laurier, Jamais l’Œdipe de Corneille, Que l’on tient être une merveille, La Cassandre de Boisrobert, Le Néron de Monsieur Gilbert, Alcibiade, Amalasonte *, Dont la Cour a fait tant de compte, Ni le Fédéric de Boyer, Digne d’un immortel loyer, N’eurent une vogue si grande Tant la pièce sembla friande, À plusieurs, tant sages que fous ; Pour moi, j’y portai trente sous Mais oyant leurs fines paroles, J’en ris pour plus de dix pistoles. […] Une grande troupe ou famille De comédiens de Castille, Se sont établis dans Paris, Séjour des jeux, danses et ris ; Pour considérer leur manière, J’allai voir leur pièce première, Donnant à leur porter tout franc, La somme d’un bel écu blanc ; Je n’entendis point leurs paroles, Mais tant Espagnols, qu’Espagnoles, Tant comiques, que sérieux, Firent chacun tout de leur mieux, Et quelques-uns par excellence, À juger selon l’apparence. […] Comme les abbés de la sorte1, Aux plaisirs n’ont pas l’âme morte, Il fut le jour du lendemain (2) 2, Au grand château de Saint-Germain, À la comédie espagnole, Fort grave, dessus ma parole, Où la reine avait invité, Obligeamment, Sa Majesté.

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