Voyez plutôt la petite Louison, la fille du Malade imaginaire, qui fait si galamment la morte quand son père la menace du fouet, son père, qui est malade, ou que tout au moins elle croit malade, et qu’elle peut tuer en lui donnant cette émotion ; à force de regarder les allées et venues de Cléante et de Marianne, elle est devenue bien savante, elle dit si bien à son père ce qu’elle a vu ! […] Eh bien, Molière s’est avisé qu’à côté du père, du mari, il y avait peut-être aussi une femme et des enfants. […] Vous savez tous les droits dont le père de famille était investi à Rome : droit de vie et de mort, complet, absolu, réel, sur tous les membres de la famille. […] L’amitié fraternelle n’existe, dans Molière, qu’à l’état de révolte contre le père ; quand ils ne sont pas alliés contre le père, frères et sœurs se connaissent à peine. Vous pouvez ouvrir L’Avare, par exemple ; voyez comment Élise et son frère Cléante combinent leur petite conjuration contre Harpagon leur père.