L’humeur sauvage des pères et des époux, la vertu des femmes qui tenait un peu de la pruderie, le savoir défiguré par le pédantisme, gênaient l’esprit de société qui devenait celui de la Nation. […] Des jeunes gens épris d’amour pour des courtisanes, des esclaves fripons aidant leurs jeunes maîtres à tromper leurs pères, ou les précipitant dans l’embarras, et les en tirant par leur adresse ; voilà ce qu’on vit sur la Scène comme dans le monde. […] Si le jeune Cléante, à qui son père donne sa malédiction, sort en disant, Je n’ai que faire de vos dons , a-t-on pu se méprendre à l’intention du Poète ? Il eût pu sans doute représenter ce fils toujours respectueux envers un père barbare ; il eût édifié davantage en associant un tyran et une victime ; mais la vérité, mais la force de la leçon que le Poète veut donner aux pères avares, que devenaient-elles ? […] Qu’ils contemplent dans Le Malade imaginaire la douleur touchante d’Angélique aux pieds de son père qu’elle croit mort, et les transports de sa joie quand il ressuscite pour l’embrasser.