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16. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Ils discernent en lui, dès ses premiers pas, un amour propre irritable, un esprit caustique, une ambition qui cherche à se faire des appuis à la cour, un cœur faible, qui s’enflammait au vent de la prospérité et résistait mal à celui de la tempête; une singulière promptitude à oublier, lorsqu’il voguait sur une mer tranquille, le rivage qui l’avait naguère abrité. […] Mais quand la critique s’en prenait à lui et que son amour-propre était piqué, il avait des mouvements capables de lui faire oublier jusqu’aux plus simples convenances. […] Après telle œuvre d’un caractère presque intime et qui laissait voir dans son âme, le poète s’oubliait davantage ; mais ce n’était pas pour longtemps. […] Seul, et longtemps après les autres, arrive le poète, alors qu’il n’y avait plus rien, Malheur à moi,  s’écrie-t-il, en se jetant à genoux devant le trône de Jupiter, malheur à moi, qui seul suis oublié, moi le plus fidèle de tes enfants ! […] Le regard fixé sur ta face, l’oreille tout entière aux harmonies de ton ciel, pardonne si, ébloui de ta lumière, j’ai oublié tout ce qui était de la terre. — Que faire ?

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