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14. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

Épître à Molière PHILOSOPHE profond, dont l’esprit courageux Sondant du cœur humain les replis tortueux Des fripons et des sots prépara les supplices, Osa dans tous les rangs attaquer tous les vices ; Le plus bel ornement du siècle de Louis, Gloire, gloire Molière, à tes divins écrits ! […] Aujourd’hui, sur la scène, et leur prose et leurs vers Des vivants et des morts respectent les travers : Si jamais le Léthé les jetant sur ses rives Te porte les tributs de leurs rimes craintives, Quand tu reconnaîtras dans leurs tristes tableaux Que la timidité, dirigeant leurs pinceaux, Ose à peine, aujourd’hui, rire d’un ridicule, Peut-être, cette fois, Molière trop crédule Nous croira corrigés : cependant, ici bas, Sans heurter quelque vice on ne peut faire un pas : Tu l’attaquas en vain, chez nous toujours nouvelle, Comme le monde, hélas, sottise est éternelle ! […] Nous en appelons aux plus libéraux ou aux moins timorés de nos censeurs : quel est celui d’entre eux qui aurait osé autoriser la représentation du Tartuffe, qui fait autant d’honneur à Louis XIV qu’à Molière ?

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