/ 193
118. (1900) Molière pp. -283

Nous osons espérer que les dissentiments auxquels aujourd’hui, comme alors, elle pourrait donner lieu, n’ôteront rien, pour les lecteurs intelligents, à l’intérêt de l’exhumation que nous avons cru devoir en faire à leur adresse. […] Nous n’avons aucune espèce de lettre ou de document qui nous indique d’une manière quelconque que Favart se soit excusé auprès de Marmontel pour lui avoir pris son idée ; mais en revanche, ce que nous avons, c’est une lettre de Marmontel, qui demande pardon à Favart d’oser, lui indigne, traiter pour le théâtre la même idée que Favart n’a pas dédaigné d’embellir de son rare talent pour la scène. […] Et comment eût-il été possible de peindre mieux cette passion, qu’en choisissant pour type un homme qui porte ou croit porter la mort dans son sein, qui observe avec inquiétude et calcule tous les progrès du mal, qui n’ose pas faire un geste, un pas, ni dire un mot, sans calculer si ce pas, ce mot, ce geste ne seront pas une imprudence qui retranchera un jour de plus d’une vie déjà trop courte ? […] C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée ; et quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. […] Si quelque détracteur obstiné de la France osait encore, à l’exemple de Schlegel, méconnaître le génie de Molière, l’admiration universelle des peuples porterait témoignage contre lui, et cette critique puérile tomberait étouffée sous un concert d’éloges.

/ 193