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117. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Le théâtre fut désert dès le troisième joura… Si on osait chercher dans le cœur humain la raison de cette tiédeur du public aux représentations du Misanthrope, peut-être les retrouverait-on dans l’intrigue de la pièce, dont les beautés ingénieuses et fines ne sont pas également vives et intéressantes ; dans ces conversations mêmes qui sont des morceaux inimitables, mais qui n’étant pas toujours nécessaires à la pièce, peut-être refroidissent un peu l’action, pendant qu’elles font admirer l’auteur ; enfin, dans le dénouement qui, tout bien amené, et tout sage qu’il est, semble être attendu du public sans inquiétude, et qui venant après une intrigue peu attachante, ne peut avoir rien de piquant. […] On trouve le titre de différentes petites comédies, que nous n’osons assurer avoir été composées par Molière, mais que nous avons cru devoir mettre ici, pour proposer notre conjecture aux amateurs du théâtre français. […] Plaute avait imaginé le premier de faire en même temps voler la cassette de l’Avare, et séduire sa fille ; c’est de lui qu’est toute l’invention de la scène du jeune homme qui vient avouer le rapt, et que l’Avare prend pour le voleur ; mais on ose dire que Plaute n’a point assez profité de cette situation, il ne l’a inventée que pour la manquer ; que l’on en juge par ce trait seul : l’amant de la fille ne paraît que dans cette scène, il vient sans être annoncé ni préparé, et la fille elle-même n’y paraît point du tout. […] Scapin le prend, afin qu’elle le voie mieux ; il le lui montre, en l’assurant que Pantalon lui en fait présent ; et ce Vieillard n’ose dire le contraire, quelque envie qu’il en ait. […] Si l’on osait rapporter à Grimarest (auteur d’une Vie de Molière), on trouverait à peu près le temps que L’Avare parut pour la première fois, mais cet écrivain est si peu sûr que nous ne rapportons ce qu’il dit de cette comédie qu’à titre de conjecture.

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