/ 170
168. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Cette scène du quatrième acte, ce tête-à-tête des deux amants pendant que le mari à bonnes fortunes promène, dans le taillis voisin, le cheval du petit cousin, elle est empruntée à un charmant conte d’Hamilton ; seulement, dans l’original, la scène qui est très vraisemblable sous les fenêtres d’une belle courtisane, devient bien incroyable dans le bois de Boulogne, et à propos d’une honnête femme qui n’y entend pas malice. […] C’en est fait, il vous faut renoncer, et renoncer pour toujours peut-être, à la grande comédie, à la comédie originale, à celle qui s’adresse à tous les hommes, à tous les temps, à tous les âges : mais en revanche vous aurez la pétulante et égrillarde comédie, celle qui s’occupe des moindres détails de nos mœurs fugitives, qui s’en va, le nez retroussé et le nez au vent, la lèvre rebondie, et le pied leste et l’oreille alerte, à la poursuite des scandales, des bons mots, des folies, des mines amoureuses, des guerres du cabaret, des fanfreluches de l’antichambre et des duels au premier sang. […] il était écrit que toutes ces parodies ne prévaudraient pas contre le Don Juan original, que l’homme à bonnes fortunes de 1690 vivrait à peine vingt ans encore, et que, pour la confirmation dernière de Don Juan, vous auriez le Lovelace, un autre damné dont la parodie s’est faite toute seule et d’elle-même, et cette parodie-là c’est le dandy !

/ 170